dimanche 18 mai 2008

Le mythe de Taliesin


Selon le Hanes Taliesin, Cerridwenn, l’un des aspects de la triple Déesse, habitait une île sur le lac Tegid avec son époux Tegid Voël dans lequel transparaît le Dieu Cernnunos.
La légende leur prête trois enfants:

Une fille d'une grande beauté, Creirwy, la pierre précieuse.

Un fils très laid, Morvran, le corbeau de mer,

Et un autre garçon, plus horrible encore, bête et méchant, nommé Affag Du, le monstre noir.

Notons ici qu’il existe une version rattachant la légende de Kerridwen à un mythe archaïque. La déesse-mère Cerridwenn a deux enfants jumeaux : une fille superbe et un garçon affreux. Il s’agirait de la Lune et du Soleil, mais il n'est pas précisé, qui est la lune et qui est le soleil.

La légende officielle veut que Cerridwenn décide de préparer pour Affag Du un philtre qui devra lui donner la connaissance et la beauté de l’esprit.
Elle rassemble les herbes nécessaires, trouvés dans les bons chemins aux bonnes heures. Le philtre devant bouillir sans interruption durant un an et un jour, Cerridwenn confie la surveillance du chaudron à l’aveugle Morda et l’enfant Gwyon Bach.

Or, le jour où l'échéance arrive, trois gouttes du mystérieux breuvage jaillissent sur la main de Gwyon.

Pour apaiser la brûlure, il porte la main à sa bouche et, soudain, se trouve investi de toute la magie du chaudron.

Il comprend immédiatement que le dessein de Cerridwenn est de le tuer sitôt sa tâche accomplie, si bien qu'il s'enfuit.

Hormis les trois gouttes, le chaudron ne contenait que du poison. Il devient donc inutilisable et se brise.

La rage de Cerridwenn est terrible. Elle poursuit Gwyon qui décide de se transformer pour lui échapper.

Il devint lièvre, elle se changea en lévrier.
Il se fit poisson, elle prit la forme d’une loutre.
Il devint oiseau, elle fut un faucon
Il se changea en grain de blé. Alors, elle prit l’apparence d’une poule noire et picora le grain.

Gwyon était en Cerridwenn et il la féconda.
Neuf mois plus tard, Cerridwenn mit au monde un enfant. Elle voulait le tuer, mais il était si beau qu’elle ne put s’y résoudre et l’abandonna à l’océan, couché dans un berceau cousu.

le neveu du roi Maelgwyn de Gwynedd en allant pêcher, le ramena dans son filet sans rien ramener d'autre.

Celui-ci s’émerveilla de sa beauté, le baptisa Taliésin et l’éleva à sa cour.

Taliésin devint l’un des bardes sacrés du Pays de Galles.
Il écrivit des poèmes obscurs dont le célèbre Cad Goddeu (Le Combat des Arbres).

Il est parfois dit que Affag Du devint le démon, mais ceci est une autre histoire...

22 commentaires:

krn a dit…

On ne savait pas qui de l'homme ou de la femme était la lune ou le soleil et voilà qu'un poême nous donne une réponse :


La Luna se llama Lola
y el Sol se llama Manuel.
Manuel madruga; el trabajo
lo aleja de su mujer.
La Lola se queda en casa
por no quemarse la piel.
Manuel cultiva los campos:
pan, vino, aceite también;
abre camino en la nieve
del puerto en invierno. El es
un buen cristiano; trabaja
tanto, que al anochecer,
cuando regresa a su casa
se duerme en un santiamén.
Entonces sale la Lola.
¡Es una mala mujer!
Lola se llama la Luna,
Y el Sol se llama Manuel.

(Francisco Vighi)

Homme-soleil, femme-lune, toujours la dualité et la séduction réciproque, je t'aime moi non plus.

Manuel arrive fourbu de sa course du jour et c'est le moment où Lola sort faire sa tournée.

Un chef d'oeuvre ce poème...

Lola se llama la luna a dit…

Krn, tu m'avais dit que je pouvais venir te visiter ici, ce que je fais... Et j'y trouve...

Une autre version du poème dit :
Lola se llama la luna
Y el sol...

Ce qui prend toute sa saveur en castillan. Je connais personnellement un spécialiste de la question qui pourra vous en dire davantage, et mieux que je ne le saurais faire.

Le temps que les brumes se dissipent - même ce qui est simple en apparence est parfois si compliqué !

En attendant, pour les non-hispanisants, voici une traduction :

Lola s'appelle la lune
et le soleil s'appelle Manuel.
Manuel se lève tôt ; le travail
l'éloigne de sa femme.
Lola reste à la maison
afin de ne pas brûler sa peau.
Manuel cultive les champs :
Pain, vin, huile aussi ;
Il ouvre un chemin dans la neige
du village en hiver.
C'est un bon Chrétien ;
Il travaille tant que le soir,
quand il rentre à la maison
il s'endort à l'instant *.
C'est alors que sort Lola.
C'est une femme libre **!
La lune s'appelle Lola
Et le soleil s'appelle Manuel.


* "en un sentiamen". Le temps de faire le signe de croix, il n'y a pas de traduction en français pour ce mot.

** "Mala mujer". La traductionde "mala" est délicate ; il y a plusieurs possibilités - mais "mala" ne se traduit pas par "mauvaise" ou "méchante", plutôt par frivole, coquine, joyeuse...

D'aucun discutent des vertus du castillan - telle est l'appellation véritable de l'espagnol tel qu'on l'enseigne et le parle en Espagne ; de fait, le castillan, langue de la Castille qui a été le berceau de la réunification espagnole, est concurrencé aujourd'hui entre autres par le catalan et par le basque (dont les racines restent mystérieuses et n'ont rien à voir avec une langue latine) - je reprends ma phrase au sujet des vertus du castillan où est pratiquée de façon quasi systématique l'inversion du sujet et du verbe. Les spécialistes en ont pour des années à spéculer sur l'identité de la lune qui se nomme Lola - ou de Lola qui s'appelle la Lune...


Il existe également dans la réalité une Lola qui n'a rien du caractère de la Lola facétieuse du poème... Mais le Manuel qui lui correspond le sait depuis longtemps.



Peux-tu embrasser de ma part notre ami commun s'il te plaît krn ?

krn a dit…

Bonjour Lolasellamalaluna

Tout d'abord, merci pour la traduction de ce texte, que je n'avais pas faite, craignant d'en trahir l'esprit.
Mes notions de Castillan sont en effet très approximatives vu qu'elles remontent au lycée.

Je pense que la traduction de "en un sentiamen" par "en un instant" se justifie complètement en ce sens que l'expression semble être utilisée par le commun des mortels hispanisants dans la vie courante et non dans un contexte particulièrement religieux. la proximité de la phrase "es un buen cristiano" n'étant que fortuite.

D'autre part, le poême a été écrit en 1933, c'est à dire pendant la 2nde république.

krn a dit…

Un second commentaire pour revenir sur la dualité, et la complémentarité du couple homme/femme.

La notion d'égalité dans le couple, prônée aujourd'hui est une sottise.

Au temps des cavernes, l'homme était un "chasseur de nourriture" et on n'attendant rien d'autre de lui, tandis que la femme était une "gardienne de nid" du fait incontestable que c'est elle qui est en charge de la maternité.

Les deux fonctions, essentielles assuraient une reconnaissance et une valeur tant à l'un qu'à l'autre.

La "femme au foyer", si on analyse les mots, c'est la "femme qui entretient le feu". La sémantique ne dément pas la fonction.

Le nid se devant d'être gardé, rien d'étonnant à ce que Lola, la lune, ne sorte que lorsque Manuel, le soleil, est rentré.
Du reste, Manuel, qui s'est endormi en "un sentiamen" ne souffrira pas de Lola.

L'auteur, qui a glorifié le travail de Manuel, reste en tous cas très discret sur l'activité nocturne de Lola, comme s'il avouait quelque part que la femme lui échappe...

Lola se llama la luna a dit…

Bonjour krn !

Notre érudit étant défaillant - il s'est couché tard hier soir car il a du se consacrer à l'épluchage de fruits et légumes, sans doute pour la soupe mais comme l'exprime très bien "sans doute", ce n'est qu'une supputation - nous ne bénéficions pas encore à cette heure matinale de ses commentaires éclairés.

Je me permettrais donc de proposer une autre possibilité pour la traduction de "en un sentiamén" qui préserverait un soupçon de mysticisme : "le temps d'un soupir".

Les traductions sont toujours l'expression de la sensibilité de chacun à un moment donné - c'est là leur danger.

Je conseille d'autre part d'aller lire le même poème sur le site :

http://www.marianista9dejulio.edu.ar/Menoyo/CALIXTO%20MENOYO.htm

Il est en espagnol. Si vous descendez plus bas sur la page, vous trouverez Lola se llama la luna et d'autres poésies écrites simplement, très pures - si vous en voulez "des" traductions, je connais un éplucheur distingué qui pourra gracieusement vous les fournir, entre deux patates.

loubis a dit…

Quelle douleur là bas, quelle douleur.
Je dormais dans une belle chambre, ouverte sur la nuit, une nuit chaude, et je me suis réveillé.
Tu n’étais pas là, je pensais à toi en regardant les toits de Séville.
Mais maintenant … Ce vent, ce sable dans les yeux, ce sable…
Oui, je pensais à toi douce lune, et je t’écrivais avec l’eau du Guadalquivir.
 "Lola, ma petite Lola"

Vous êtes certainement une fée, krn, je vous embrasse. 

loubis a dit…

Lola peut devenir le soleil et Manuel la lune, cela ne change rien, nada !
L'homme a peut-être besoin de vivre pour aimer, et la femme d'aimer pour vivre.
Vighi met le doigt sur ce qui nous détruit, l'incompréhension mutuelle. On peut en faire cruellement l'expérience, n'est-ce pas ?

Lola se llama la luna a dit…

C'est bien calme ici, depuis les sentences sentencieuses de ce matin.
Vivement que le Général revienne - ça mettra de l'animation !

Je sais, je sais, cette réaction n'est pas à sa place ici mais mes médecins m'ont interdit d'aller me promener ailleurs pour le moment- alors je réactionne où je peux.

Cousine ?

krn a dit…

Bonjour Loubis,

L'incompréhension ne guette que ceux qui ne savent pas se mettre à la portée les uns des autres.

Pour devenir salée, l'eau de la source doit aller jusqu'à la mer.

loubis a dit…

Bonjour krn
je ne répondrai pas aux élucubrations de Lola.

Vous devez savoir que les anciens Celtes percevaient l'eau comme un élément à la fois salvateur et destructeur . Nimue et Viviane incarnent le même personnage , leurs caractères opposés reflètent les deux facettes de l'eau.
Mais pour l'animation et les jeux d'eau ? nous attendront patiemment le général.Vale!

Lola se llama la luna a dit…

Gnagnagna...
Mauvais joueur !

Je me permets de porter à votre attention à tous qu'en plus ce Loubis, internaute de mauvaise foi, élude savamment les questions gentiment posées et en bon politicien répond tout à fait à côté.

Vale donc.

Krn, soyez gentille d'embrasser pour moi qui vous savez, un type sympa, lui.

krn a dit…

Sympa mais insaisissable, comme vous le savez.
Il doit actuellement se promener à la vitesse du son entre Orléans et Salbris.
Les habitants de ces régions feraient bien de faire attention à leurs oreilles.

Lola se llama la luna a dit…

Ah ! C'est pour ça que les cloches de l'abbaye voisine se sont mises à sonnailler sans raison - bang ! ding, ding, dong, attention, la région est survolée par un Diable identifié !!!

Je comprends mieux...

Gardons le sourire, Krn, toi comme moi - nous sommes deux contre deux - tout contre ? n'aurait pas manqué de dire Sacha...

Lola se llama la luna a dit…

Bonsoir Cousine !

Comme j'ai un faible pour la poésie, que le temps de ce soir est assorti à mes états d'âme, voici quelques vers libres extraits du recueil Noir Soleil de l'astrophysicien Jean Pierre Luminet.

"La douleur est rendue possible
Sous toute douceur charnelle
Agissant à sa place
Déployée
Exaltant ce qui existait préalablement
Mais qui l'instant d'après devient indivisible.

Où est dans la foule immense l'érigne qui nous a éventré ?"

Le temps s'étire, indéfiniment semble-t-il parfois.

Bonne nuit Cousine, je t'embrasse. Lola.

krn a dit…

Cette érigne, lola, on la retrouve dans la panique du défouloir, mais elle reste invisible.

Lola se llama la luna a dit…

Sans doute krn.
Si 'elle était aussi indolore qu'invisible, ce serait-mieux...
Serait-ce vraiment mieux ?

krn a dit…

Elle a été indolore quand elle était visible, Lolasellamalaluna et tu le sais.
C'est sa trace qui mord. Sa trace invisible mais si présente.

patton a dit…

Cousine , conte nous comme tu sais si bien le faire l'épopée de " HAGAR DUNNORH " . Je ne m'en lasse pas .

Tarrius Louis a dit…

Ave patton

Le viking était déboussolé , heureusement Hil était de garde.
Oui , contez nous krn , indiquez nous ce norh qui vous est si cher.

Lola se llama la luna a dit…

Désolée de sortir un peu du sujet, mais quelqu'un pourrait-il m'apporter des précisions quant au sexe des anges (et des spécialistes capillaires) ?

diane a dit…

C'est vraiment une belle histoire.
c'est domage que tous les commentaires ne commentent pas le mythe.

krn a dit…

Bonjour Marino,

Dommage, pas forcément.

Nous nous connaissons, ce qui explique une certaine familiarité entre nous.

Ce blog est plutôt celtique en général, là il y a eu un petit dérapage.