mardi 10 mai 2016

La vie dans le jardin.

L'occasion m'a manquée d'écrire dans ce blog. C'était ma première tentative, il y a déjà 8 ans. 
Dans la vie de tous les jours, je suis désolée de voir pointer du doigt les différences entre les différents courants spirituels et les différentes religions. Je préfère voir ce qui les rassemble, l'esprit. 
Je me suis souvent demandée s'il existait des athées purs qui ne croient pas à l'esprit qui anime les humains. Pour ma part, je ne conteste pas cette part du vivant même aux animaux que certains considèrent comme repoussants. 

Au début du printemps, lors d'une séance de grand nettoyage de nuit, j'ai trouvé derrière mon poêle à pétrole, trois petits crapauds rachitiques. Pour deux d'entre eux, déjà tout secs, il n'y avait rien à faire, mais le troisième était encore vivant. Avec beaucoup de précautions, je l'ai porté dehors, tout près du mur de la maison, dans un fouillis de vieilles tuiles cassées que la végétation avait envahi. J'ai mouillé mon doigt avec l'eau de pluie et je l'ai passé sur son dos, faisant fi des histoires qui disent qu'ils sont venimeux. Après deux petites minutes, il a disparu tranquillement dans son nouvel abri.

Cet après-midi, nous avons eu un orage. Il a beaucoup plu. J'étais tranquille, dans la cuisine lorsque j'ai entendu un drôle de bruit à la porte de la maison, comme un grattement. J'ai ouvert la porte et voici ce que j'ai vu :


Comment ne pas faire le rapprochement avec ce petit crapaud sauvé in extremis du dessèchement ? Il est resté là le temps que j'en fasse trois photos. Ensuite, il s'en est retourné dans le tas de tuiles. 

N'est-il pas venu me montrer comme il était à présent bien dodu et prêt à affronter la vie ?
On pourra me prendre pour une fantaisiste, c'est certain, même si j'avoue ne pas expliquer comment ce petit animal de quelques centimètres a gratté à la porte, mais moi, j'y crois, à la connexion entre tous les êtres vivants. De même que l'araignée qui traverse souvent mon écran, ou même mon clavier, le soir sait parfaitement que je ne vais pas lui faire de mal et que le moustique qui guettait ma petite fille alors âgée de quelques jours s'est gentiment laissé prendre par une patte et emmener dehors. Je sais qu'entre eux, à l'extérieur, la lutte est sans merci, ils vivent leur vie, je n'interviens pas, ils ne m'appartiennent pas. Dans la maison, en revanche, s'ils sont en difficulté, je les aide comme je peux.

La venue de ce petit crapaud m'a remplie de joie. C'était un très beau moment, surtout lorsque je l'ai vu retourner sous les tuiles à l'endroit exact où j'avais déposé ce petit crapaud maigrichon il y a deux mois. Un signe auquel je crois.  

mardi 13 septembre 2011

Prière

Qu'ils soient heureux, ceux qui ont des certitudes. Je sais en quoi je ne crois pas mais je cherche encore la vérité.
La seule certitude que j'ai acquise est que la foi est intérieure et ne se partage pas. Un païen rencontré il y a quelques années m'avait dit ne pas avoir d'autre lieu de prière que son cœur. Je le plaignais de n'avoir aucune main à tenir dans ces moments, aucun chant à partager, aucune égrégore. Maintenant, je comprends que sa sincérité n'a pas besoin de ces artifices.


La religion n'est pas une bouée de sauvetage à laquelle on s'accroche dans les mauvais moments, c'est un dialogue permanent avec ce qui nous entoure, avec la vie, avec le vent et l'eau, avec la beauté des montagnes et la pureté d'une source. Prier, c'est aussi savoir s'émouvoir d'une truite qui saute, d'un rouge-gorge qui chante tôt le matin ou d'une fleur qui s'ouvre sous la pluie. C'est aussi le recueillement après une journée bien remplie, lorsque le jour décroit et qu'on s'endort avec le regard bienveillant du phare qui balaie la mer pour guider les marins jusqu'au port.

mardi 8 février 2011

Fertilité de printemps



En Europe du nord, il y avait un temps de fêtes en l'honneur de toutes les puissances féminines, une fête dont le but était de favoriser les prochaines moissons.
Dans ces contrées nordiques, la fertilité revêt une signification particulière. Les nuits d'hiver sont longues et froides et la nature dispose de peu de temps pour s'épanouir au soleil. C'est donc au coeur de l'hiver que se prépare la renaissance.

L'historien islandais Snorri Sturlusson, écrit dans Heimskringla :
"Dans Svithjod (la Suède), il était d'usage, depuis les anciens temps et tant que le paganisme a régné, que le sacrifice en chef a eu lieu au mois de Goe à Upsala." (mois de Goe = février)
"Après que le christianisme a pris racine dans Svithjod, et que les rois ne demeureraient plus dans Upsala, le marché a été déplacé à Candlemas (la chandeleur), et il a depuis continué ainsi, et il dure maintenant seulement trois jours."

Cette célébration était si importante pour les païens que le roi se déplaçait pour y assister. Elle est aussi mentionnée dans la Saga de Hervarar, la Saga de Víga-Glúms et la Saga d'Egils.
Le Roi Agils se rendait au disablot quand son cheval, en trébuchant l'a projeté la tête la première sur une pierre, le tuant net. Sa sépulture est sur les lieux même du blot, dans un tumulus. On en parlait comme d'un grand roi.
D'autres témoignages font état de ces fêtes un peu partout en Europe.
De même, les Lupercales,plus au sud, qui donnaient lieu à des débauches en l'honneur, également de la fertilité, dont je ne parlerai pas car je n'en connais rien.


En février, le christianisme fête la Chandeleur. Une fête un peu tirée par les cheveux puisqu'elle est censée fêter la purification de Marie quarante jours après la naissance de Jésus. Purification sans objet vu que Marie, selon l'Eglise romaine, a été préservée du péché originel. En réalité, le pape Gélase 1er, un pape africain, est allé chercher une tradition juive pour contrer les fêtes païennes de la mi-févier. Malheureusement pour lui, le compte des 40 jours ne tombait pas au bon moment et les païens continuèrent de faire la fête. Gélase choisit donc un martyr, Valentin, dont il fixe la fête par décret au 14 février en l'an 498 et qu'il impose.
L'église avait entrepris dès la fin de l'empire romain un vaste chantier de remplacement de tous les rites païens par des fêtes chrétiennes. En convertissant les rois, le christianisme a conquis les peuples par la force et dans le sang. Resté vivant dans l'âme de l'Europe, le paganisme les reconquerra par sa noblesse et ses vertus.

Je vous invite donc à aller dans vos jardins et dans les champs voir la nature qui s'éveille et lui rendre grâce de ses bienfaits pour tous les êtres vivants,et je vous offre pour célébrer les divinités païennes de la fertilité, cette image prise ce matin dans mon jardin, de la première primevère fleurie.




Pour plus d'infos, je viens d'ajouter, dans ma liste de blogs, celui de Manu qui fait son dernier article sur le disablot, et celui de Pierre, dont le dernier écrit est sur la saint Waast et le départ de l'hiver.

lundi 22 novembre 2010

Håvamål

Le Håvamål est un poème qui fait partie de l'Edda poétique. On traduit généralement Håvamål par les dits du très haut. Il est attribué à Odin. Ecrit par les scades, il a vraisemblablement une origine norvégienne.
Loin d'être un récit de faits extraordinaires sur les Dieux, il décrit des situations que nous rencontrons tous les jours.
En voici un extrait qui me tient à coeur, en norrois, en norvégien et, une traduction en français, celle qui me parait le plus en respecter l'esprit.

Ungr var ek forðum,

fór ek einn saman:
þá varð ek villr vega;
auðigr þóttumk,
er ek annan fann;
Maðr er manns gaman.


Ung var jeg engang,
og ensom gikk jeg,
da fór jeg vill på vegen,

følte oss rik
da jeg fant en annen;
mann er manns glede.


Jeune, j’étais autrefois,
je cherchais seul mon chemin :
En moi se leva la sauvagerie.
Riches, nous nous sommes trouvés
quand je trouvais l’autre
L’humain est la joie de l’humain.

Je comprends que ce texte puisse paraître étrange au premier abord. Il énonce pourtant une vérité essentielle. L'être humain s'enrichit au contact de l'autre.

Il y a une vie entière dans ce verset. L'indépendance de la jeunesse, avec son corollaire, la solitude, et l'échange, générateur de joie.

Je peux l'appliquer à mon propre chemin. J'ai longtemps cherché seule et je suis arrivée à un moment où, pour aller plus loin vers le paganisme, j'ai eu envie de rencontrer d'autres païens. Mais quelles que soient vos croyances, vos commentaires seront les bienvenus.


Merci à Ihwazk
dont l'intéressante intervention sur le sens interactif du verset a été déterminante.

dimanche 4 juillet 2010

L'hiver de l'esprit


Il s'est écoulé deux saisons depuis que je n'ai écrit dans ce recueil d'articles. J'avais moi aussi, besoin de mettre ces notions en hibernation. De méditer et de comprendre.
Je suis toujours le rythme de la nature car ma croyance profonde est que le divin est en tout ce qui nous entoure.

Comment ne pas voir un miracle dans la structure étoilée d'un flocon de neige ? Comment ne pas rendre grâce quand, sur les rameaux dénudés et noircis, la vie revient dans l'éclosion des bourgeons ? Comment ne pas s'émerveiller devant la fidélité des saisons ?

La Terre est l'habitat parfait des êtres vivants.
Je ne crois pas que nous soyons tombé là par hasard, la Terre est notre mère et nous devons la respecter. Ce que certains appellent écologie, croyant qu'il s'agit d'une science nouvelle, était l'attitude ordinaire de nos ancêtres.

Décrite par mes proches comme une sorte d'extra-terrestre un peu allumée, je me suis longtemps crue isolée. Mon enfance avait été teintée d'un catholicisme, qui, malgré une ferveur peu commune de ma part, n'a pas comblé mes attentes spirituelles. Je ne me suis jamais sentie proche de ce Dieu hautain et distant devant qui il faut se prosterner alors que je sens la divinité en moi et non à l'extérieur.

Je suis profondément européenne et dans une très grande majorité, mes ancêtres l'étaient avant moi. Je leur ressemble, leur sang coule dans mes veines et leur caractère anime mon esprit. Pourquoi leur foi païenne ne serait-elle pas bonne pour moi ? Pourquoi une religion venue d'un autre continent alors que je sais à présent qu'elle s'est imposée par la force ?

Je ne retrouve la paix que dans la forêt entre les arbres qui sont autant d'êtres paisibles, ou devant la mer, face au vent. La nature est mon berceau et elle me parle.
Je n'ai pas commencé à écrire ces pages par hasard ou à cause d'une quelconque mode celtique. Je crois réellement en une essence qui se trouve en toute chose, permanente et invisible, une énergie présente en tous les êtres, qui nous influence et que l'on affecte par nos actes et nos comportements.

A ceux qui viennent de temps en temps, merci de votre patience et à bientôt.

dimanche 15 novembre 2009

De nære ting



De nære ting

Ditt sinn monne flyve så vide omkring.
Det er som du glemmer de nære ting.
Det er som du aldri en time har fred,
du lengter bestandig et annet sted

Du syns dine dager er usle og grå.
Hva er det du søker? Hva venter du på?
Når aldri du unner deg rast eller ro,
kan ingenting vokse og intet gro.

Gå inn i din stue, hvor liten den er,
så rommer den noe ditt hjerte har kjær.
På ropet i skogen skal ingen få svar.
Finn vegen tilbake til det du har.


Den lykken du søker bak blånende fjell,
kan hende du alltid har eiet den selv.
Du skal ikke jage i hvileløs ring,
men lære deg elske de nære ting.

Du skal ikke jage i hvileløs ring,
men lære deg elske de nære ting.


Arne Paasche Aasen




Ce qui est à portée de ta main.


Ton esprit peut s'envoler aussi loin qu'il le veut,
c'est comme l'oubli qui se ferme sur ce qui est à portée de ta main,
c'est comme si tu n'avais jamais une heure de paix,
tu as toujours le désir d'un ailleurs.

Tu trouves tes jours tristes et gris,
que cherches tu? qu'attends tu?
Quand jamais tu n'aspire au repos de l'esprit ou à la paix ,
rien ne peut grandir, ni s'enraciner.

Rentre chez toi, si petit
que ce soit pour y abriter ce que ton coeur chérit.
Aux cris dans la fôret, il n'y a pas de réponse
Retourne sur tes pas vers ce que tu as.

Le bonheur que tu cherches derrière les montagnes bleues,
tu l'as toujours possédé au fond de toi.
Ne tourne pas en rond sans repos,
Apprends à aimer ce qui est là, à portée de ta main.

Ne tourne pas en rond sans repos,
Apprends à aimer ce qui est là, à portée de ta main.



Traduction Al.

lundi 2 novembre 2009

Samain


Nous sommes dans le temps de Samain. Un temps, qui pour les Celtes n'existait pas.

Une sorte de faille dans la régularité des jours, car Samain qui marque le passage entre deux années celtiques, n'appartient ni à la nouvelle, ni à l'année passée. C'est le début des jours noirs, de la nature qui couve le renouveau en son sein. Rien n'est visible, mais l'activité souterraine est intense. La nature accumule l'énergie en vue de mettre toutes les chances de son côté pour la renaissance au printemps. Les petits grandissent bien au chaud dans le sein maternel et les âmes tournent en attendant de se réincarner.

En récupérant cette fête, les chrétiens lui ont laissé son sens sacré, le jour des morts tombe en effet le deuxième jour de novembre. A partir de Samain, les portes entre vivants et désincarnés sont ouvertes. Les défunts, non réincarnés, passent dans le monde des vivants pour y retrouver les lieux et les personnes qui leur étaient chers.

Le premier jour de Samain est consacré à la mémoire de ceux qu'on a connus, le deuxième à celle de tous ceux qui ont trépassés depuis le début des temps, et le troisième est le début d'une semaine de fêtes et de réjouissances populaires avec festins et feux de joie.

Chez les Celtes, la veille de Samain, on procédait à la renaissance du feu. Dans les foyers brûlaient les flammes allumées lors de la dernière fête de Samain. On les laissait s'éteindre et on nettoyait les âtres. Puis, on allait prendre un tison du nouveau feu sacré allumé par les druides. Ces tisons servaient non seulement pour renouveller le feu de la maison, mais servaient à allumer d'autres foyer autour des villages pour éloigner les mauvais esprits.

Dans la nuit de Samain, à la tombée de la nuit, le monde invisible entre en contact avec le tangible, celui des vivants. Les âmes des désincarnés reviennent errer autour des maisons dont la porte est restée ouverte. C'est le signe qu'ils sont les bienvenus et il est de coutume de leur garder une part du repas.

Un Celte, partout où il se trouve doit fêter Samain. L'ignorer, c'est être condamné à errer après sa mort sans trouver le repos, comme ceux à qui on n'a pas donné de sépulture.

Le culte des morts est bien évidemment pré-celtique, car partout sur la Terre, aussi loin qu'on remonte dans l'histoire de l'humanité, on retrouve ce culte, même chez les plus primitifs. La mort n'était d'ailleurs pas vécue comme une fin, mais comme un changement de vie.

Le monde moderne et sa rationalisation à tout prix fait taire ce que nous sentons si présent en nous même, la promesse d'un ailleurs. Il est intéressant de voir que jusqu'à la révolution, les mentions de décès des registres d'état civil mentionnaient dans leurs pages la formule consacrée "...j'ai procédé à l'inhumation du corps de..." ce qui montre bien que seul le corps visible de l'individu décédé était enterré, et non l'individu tout entier.

Profitez de Samain, ouvrez vos esprits et écoutez la voix de ceux qui sont partis. C'est le moment.


Illustration Martha Stewart.